Etude sur l’influence du bruit des bateaux sur le comportement des baleines à bosse et l’implication dans la gestion de l’activité de whale-watching*

*activité d’observation des cétacés en milieu naturel

 

Une équipe australo-danoise s’est intéressée à l’impact du bruit des bateaux de whale-watching sur le comportement des baleines à bosse en période de reproduction dans le golfe d’Exmouth (Australie). Parue cet été dans la revue eLife, Sprogis et al., s’interrogent : Comment le bruit des moteurs des bateaux affecte le comportements des baleines ?

 

Il a été montré que les facteurs de dérangement liés à l’activité de whale-watching peuvent causer, à court terme, des changements de comportements. Si les perturbations sont fréquentes et répétées, il peut y avoir un impact négatif sur la reproduction ou encore la survie des individus, avec à long terme des conséquences sur la santé de la population concernée. Bien que l'identification des signaux de perturbation (par exemple : visuel et / ou auditif) des activités de whale-watching est essentielle pour renseigner des mesures d'atténuation pertinentes, la source de ces perturbations l’est tout autant. 

Il existe encore peu de données sur le bruit associé aux bateaux de whale-watching comme source de perturbation. Dans cette étude, les scientifiques ont donc émis l’hypothèse selon laquelle le niveau de bruit des bateaux est un facteur de perturbation. Afin de suivre le changement de comportements des individus sans interagir avec eux, ils ont utilisé un drone qu’ils ont conduit au-dessus de la baleine (30 mètres) pour filmer les comportements. Ils ont simulé des scénarios d'observation de baleines avec un petit bateau de recherche motorisé (distance d’approche 100 m, vitesse 1,5 nœud) et ont exposés des couples mère-baleineau (n = 42) à 3 différents niveaux d’intensité sonore (148dB, 160dB et 172dB) basés sur l’enregistrement de bateaux de whale-watching qu’ils avaient effectué sur la zone d’étude.

Les résultats de cette étude montrent que le niveau de bruit d'un navire entraîne une réponse comportementale à court terme des baleines à bosse. Lors de playbacks (diffusion de sons préalablement enregistrés) de bruit d’intensité faible, les mères ont continué à se reposer, ce qui laisse penser que lors d’une sortie d’observation, les mères-baleineaux sont plus susceptibles de rester à la surface. En revanche lors de playbacks de bruit d’intensité  moyenne et élevée, les mères-baleineaux ont plongé et se sont éloignées. Il a ainsi été mis en évidence qu’à 172dB, le temps de repos des mères-baleineaux diminuait du tiers, la fréquence respiratoire doublait et la vitesse de nage augmentait de 37% en comparaison à un niveau sonore de 148 dB (faible). 

Comme d’autres perturbations d’origine humaine, les perturbations sonores peuvent impacter la capacité des baleines à allaiter, protéger leur descendance des mâles entreprenants et potentiels prédateurs ou encore effectuer la migration retour vers les zones d’alimentation. Rappelons que cette problématique concerne d’autres espèces de baleines et dauphins puisque l’ouïe est le sens le plus développé chez les cétacés et que bien d’autres espèces sont observées lors des sorties de whale-watching. 

 

       

 

 

Implication dans la gestion de l’activité de whale-watching 

 

Dans le cadre d’une sortie whale-watching, si deux opérateurs respectent une même distance d’approche (par exemple une distance de 100 m) avec un niveau sonore similaire à celui du playback de l’étude (une silencieuse et une forte), une baleine au repos à la surface sera plus probablement perturbée par le navire bruyant que par le navire silencieux.

Les auteurs suggèrent que le bruit des moteurs des bateaux touristiques devrait se situer à peu près au même niveau sonore que le bruit ambiant enregistré dans la zone dans laquelle ils prospectent. Pour les bateaux les plus bruyants, des propositions sont également évoquées pour tenter de réduire le niveau de bruit aux abords des cétacés ponctuellement (par exemple :  réduire sa vitesse, augmenter la distance d’observation)  ou bien de façon permanente (par exemple, utilisation d'hélices plus grandes et plus lentes pour minimiser la cavitation, des moteurs électriques ou l'installation d'équipements d'absorption du bruit. 

Pour examiner plus en détail les impacts du bruit des bateaux, de futures recherches pourraient être menées sur les effets du bruit dû à la présence de plusieurs bateaux, aux différents types de moteurs ou encore à la proximité des bateaux et aux types d'approche (approche en enfilade vs approche parallèle pendant les observations).

En conclusion, pour atténuer l’impact de l’activité de whale-watching sur les cétacés, les auteurs préconisent de réfléchir à l’intégration de normes d'émission sonore dans  les réglementations en vigueur. Les impacts écologiques de l'activité de whale-watching font partie des sujets de préoccupation de la certification High Quality Whale Watching®. Les opérateurs bénéficiaires de la marque sont ainsi conviés à des groupes de travail visant l’amélioration continue de leurs pratiques, sur des thématiques telle que la limitation du bruit émis par les navires.

 

Article complet à consulter ici.

 

Laurène Trudelle (Chargée de mission - Programme Whale-Watching)

Lettre d'information

 

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