Retour sur les Orques observés en Italie

Les orques, ou Épaulards (Orcinus orca) sont des cétacés à dents (Odontocètes) qui fréquentent les eaux côtières froides à tempérées. Les femelles peuvent atteindre 7m et les mâles 10m pour un poids qui varie entre 4 et 8 tonnes. Le dos noir et le ventre blanc, ils présentent une tache blanche post-oculaire caractéristique et une grande dorsale triangulaire pouvant atteindre 2m de hauteur chez les mâles, pour 90cm chez les femelles.

Les orques se nourrissent d’une grande variété de proies (poissons, céphalopodes, oiseaux et mammifères marins). Ils se retrouvent donc au sommet de la chaîne alimentaire, ce qui leur a valu le nom de “baleine tueuse” (Killer-Whale).

En Méditerranée, ils sont généralement observés près du détroit de Gibraltar (notamment en période de migration du thon rouge d’Atlantique), où il existe notamment une population résidente, mais ils sont parfois observés au-delà du détroit.

Et c’est justement ce qu’il s’est passé le 1er décembre 2019 en Italie, plus précisément dans la zone portuaire de Pra, près de Gênes, où un groupe de 5 orques (dont 1 juvénile) a été aperçu.

L’euphorie liée à cet évènement exceptionnel a rapidement laissé place à l’inquiétude. A la suite de la mort du juvénile, sa mère est restée près de lui pendant plusieurs jours, le soutenant en surface comme pour l’aider à respirer. 

« La femelle a nagé en tenant la nageoire de la baleine morte dans sa bouche pendant cinq jours — c'était comme si elle était endeuillée et refusait d'accepter que son enfant fût mort », a déclaré Biagio Violi du groupe de recherche italien Menkab.

Ce comportement est souvent observé chez les cétacés. En effet, Il existe une hormone appelée ocytocine (parfois appelée “hormone de l’amour”, ou “hormone du lien social”) sécrété par l’hypophyse notamment lors de l’accouchement et de l’allaitement et qui renforce les liens maternels. Elle affecte donc le comportement en cas de décès d’un membre du groupe et particulièrement celui de la mère lorsque son petit meurt. C’est certainement ce qui a poussé le groupe à rester dans la zone portuaire pendant plus de 3 semaines.

Mais alors qui sont ces orques et d’où viennent-ils ?

Des photos ont permis de retracer leur route. Le 13 novembre, le groupe est passé au large de Carthagène, en Espagne, puis il a été repéré le 17 novembre aux Baléares et enfin le 22 novembre au large de la Sardaigne.

C’est le 16 Décembre et grâce à la collaboration des groupes de recherche Menkab, Orca Guardians Iceland et Artescienza que les scientifiques ont découvert que le groupe d'Épaulards était en fait originaire d’Islande.

Repérés depuis 2014 dans les eaux islandaise par le groupe de recherche Orca Guardians Iceland, les individus SN113 « Riptide », SN114 rebaptisé « Zena » (Gènes en patois Genois), SN115 « Dropi » et SN116 « Aquamarin » ont été vus pour la dernière fois en juillet 2017 avec un nouveau-né.

C’est donc 2 ans et demi plus tard, et à plus de 5200 km de leur habitat d’origine, que le groupe a pu être de nouveau observé. C’est la plus grande migration jamais observée pour cette espèce !

Hélas, le nouveau-né identifié en 2017 par le groupe de recherche Orca Guardians Iceland. n’était plus présent aux côtés de Zena, sachant que les jeunes restent plusieurs années voir toute leur vie auprès de leur mère, il est peu probable que celui-ci est fait route seul. La femelle aurait donc perdu 2 petits en l’espace de 3 ans, un taux de mortalité juvénile particulièrement élevé qui pourrait être liés aux différentes pressions environnementales que subissent ces espèces (contaminations, diminution des proies, pollution sonore).

Le groupe affaibli s’est ensuite déplacé vers l’ouest, où il a été repéré aux abords du port de Vado, puis au large de Portofino.

La semaine dernière, 3 Orques ont été observées dans le détroit de Messine à côté de la Sicile. Bien qu’il soit très probable que ce soit le même groupe, aucune confirmation n’a encore été réalisée et si tel est le cas, le groupe pourrait bien avoir perdu l’un des sien une nouvelle fois.

« Compte tenu de la particularité presque unique de cette situation, chaque information est importante afin de mieux comprendre la dynamique qui a conduit les épaulards ici et de pouvoir supposer, dans la mesure du possible, comment un éventuel déplacement évoluera. » explique le président Menkab Giulia Calogero


Image : Matching de Zena (SN114) avec les photos du groupe Orca Guardians Iceland (Islande, 2017) et les photos des groupes Menkab et Artescienza (Gènes, 2019)

 

Lettre d'information

 

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